Parallèlement et en opposition à la rationalité de cette abstraction, des artistes ont poursuivi une démarche artistique en prise directe avec leur propre subjectivité. Les deux salles centrales de l’exposition témoignent de ces tendances, la première s’attachant à des expressions figuratives, la seconde à une gestualité plus abstraite. La deuxième salle, intitulée « Figurer, refigurer, défigurer », présente ainsi de nouvelles manières de représenter, qui tout en abordant des genres classiques – le paysage ou la figure humaine – se traduit par une expression brute, procédant par déconstruction. Son langage est parfois naïf, comme dans les œuvres de René Guiette des années 1950, période où les artistes ont redécouvert le caractère essentiel des dessins d’enfants, de l’« art des fous » et des arts traditionnels, dont ils s’inspirent. D’autres empruntent une voie plus informelle, marquée par des gestes fougueux et denses, qui se teintent à partir des années 1960 de couleurs pop acides, comme dans les toiles de Roger Raveel ou Fred Bervoets. La salle suivante poursuit l’exploration de cette peinture gestuelle par son pendant abstrait. Sa spontanéité laisse émerger, telle une sorte d’écriture automatique, un vocabulaire de signes proche de la calligraphie, qu’emploient notamment les artistes issus de la mouvance CoBrA belge, comme Christian Dotremont, Pierre Alechinsky, Serge Vandercam ou Englebert Van Anderlecht. D’autres œuvres témoignent d’une recherche spécifique
sur la matière picturale et sa capacité expressive, tels Marc Mendelson, Guiette ou Bert de Leeuw. Cette tactilité de la peinture est mise en parallèle des recherches sculpturales singulières, à partir de textiles tissés et noués, développées par l’artiste d’origine polonaise Tapta.